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Tatouage « intelligent », l’état de votre condition en temps réel (1/2)


Source : (Pixnio.com, 2017)


Une forme d’art pratiqué depuis plusieurs milliers d’années se trouverait-elle une nouvelle niche en santé ? Habituellement, on se fait tatouer pour des raisons d’appartenance à un groupe, d’esthétique, ou bien d’expression symbolique, mais bientôt on pourra ajouter des raisons de santé à cette liste.

Vous avez un téléphone intelligent ? Une télévision intelligente ? Une montre intelligente ? Que diriez-vous d’un tatouage « intelligent » ? En quelque sorte, un dessin sur votre peau qui vous indiquerait en temps réel l’état de votre maladie chronique !

On fait déjà utilisation des tatouages « non intelligents » en santé.  Pensons par exemple aux tatouages utilisés en radiologie pour s’assurer que les instruments sont correctement situés lors d’une thérapie répétée ou bien en gastroentérologie lorsqu’on veut marquer des lésions suspectes découvertes par l’entremise d’une colonoscopie (Elarini, 2015).  Le tatouage est également utilisé, un peu comme un bracelet d’alerte médicale, pour signaler des informations que son porteur juge importantes telles que son groupe sanguin, la présence d’une maladie chronique, le désir de ne pas être réanimé, ou encore d’être un donneur d’organe après son décès (Chadwick, 2013; Kluger, 2013).  Sans aborder les questions d’éthique auxquelles on pourrait penser, il est facile d’imaginer que ces tatouages puissent être utiles, en particulier si le patient est inconscient.

Aucun tatouage « intelligent » n’a encore été approuvé pour usage clinique, car la technologie nécessite encore des améliorations.  Il reste à régler des problèmes d’interférences et d’imprécision (Heo, 2011), mais la technologie avance.  Par exemple, l’équipe de Katia Vega à l’Institut de technologie du Massachusetts a développé une nouvelle approche où l’encre de tatouage traditionnelle est remplacée par de l’encre capable de détecter différentes concentrations de molécules dans le liquide interstitiel et de changer de couleur en conséquence (Vega, 2017).  Le liquide interstitiel est un fluide que l’on retrouve entre les cellules partout dans le corps.  L’encre est ainsi capable de détecter la concentration de glucose, celle du sodium ou encore le pH corporel du porteur.  La composition exacte de l’encre n’est pas révélée pour l’instant, mais elle contient forcément une composante conductrice en poudre ou en flocons, tels que du carbone, de l’argent ou du chlorure d’argent (Liu, 2016).

Il faudra attendre encore un peu avant que cette encre soit offerte au salon de tatouage du coin.  Reste à voir combien de temps un tel tatouage demeura fonctionnel.  Avec le temps, l’encre a en effet tendance à diffuser dans la peau et donc à s’estomper.  Il faudra aussi rendre le changement de couleur plus précis.

Imaginez, une technologie de tatouage flexible, esthétiquement agréable, et qui peut être facilement apposée à la peau avec le moins d’intrusion à la routine du porteur.  On sera bientôt en mesure d’avoir une interface à fleur de peau et en temps réel pour nous informer sur notre santé !

Dave Marchand

Université de Montréal


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En donnant la chance à des étudiants de publier des articles vulgarisés sur des problématiques de santé publique, Hinnovic s’assure de donner la parole à la relève!

RÉFÉRENCES


  1. Chadwick, S. and M. Shah. (2013). Tattoos : ancient body art may assist in medical emergencies. European Journal of Pediatrics, 172(7): 995.

  2. Elarini, T., Wexner, S.D., and G.A. Isenberg. (2015).  The Need for Standardization of Colonoscopic Tattooing of Colonic Lesions.  Diseases of the Colon and Rectum, 58(2): 264-267.

  3. Heo, Y. J., Shibata, H., Okitsu, T., Kawanishi, T., and S. Takeuchi. (2011). Long-term in vivo glucose monitoring using fluorescent hydrogel fibers. Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, 108(33): 13399-13403.

  4. Kluger, N. and S. Aldasouqi. (2013).  A new purpose for tattoos: medical alert tattoos. Presse Medicale, 42(2) : 134-137.

  5. Liu, X., Vega, K., Maes, P., and J.A. Paradiso. (2016). Wearability Factors for Skin Interfaces. Proceedings of the 7th Augmented Human International Conference (Augmented Human 2016).

  6. Vega, K., Liu, X., Kan, V., Barry, N., Yetisen, A., and N. Jiang. (2017).  Project DermalAbyss : Possibilities of Biosensors as a Tattooed Interface.  Récupéré le 29 juin 2017 de https://www.media.mit.edu/projects/d-Abyss/overview/.

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