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L’hypnose thérapeutique de plus en plus pratiquée et acceptée


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Hypnosis – Crédit : dachis via Flickr


« Vos paupières sont lourdes… lourdes. Vous n’écoutez que ma voix. Vous êtes en train de vous détendre et de lâcher prise. Je vais compter jusqu’à trois et à trois, vous vous endormirez. » Quand on lit ou qu’on entend cette formule « cliché », on pense tout de suite à l’hypnose. Vous savez, ces spectacles dans lesquels un hypnotiseur endort des volontaires du public pour leur faire faire n’importe quoi, ou alors les transpercer avec je ne sais quel instrument. Pourtant, à côté du stéréotype et de l’image sensationnaliste, l’hypnose « sérieuse » se révèle utile en médecine et dans le domaine de la santé de façon plus générale. C’est d’ailleurs à l’origine une pratique médicale dont les objectifs n’ont rien en commun avec celles qui consistent à tirer parti de l’état de conscience altéré des hypnotisés afin d’amuser la galerie.


L’hypnose, un état particulier de la conscience

Hypnos signifie sommeil en grec, mais l’état hypnotique n’est pas une forme de sommeil. La personne en transe hypnotique (l’autre expression pour désigner l’hypnose) n’est pas non plus dans un état d’éveil caractéristique. On ne comprend pas encore vraiment comment le cerveau accède à l’état hypnotique, mais les premières imageries cérébrales réalisées en 2003 par l’équipe de Pierre Rainville (Université de Montréal) sur des sujets en état d’hypnose ont révélé que certaines zones s’activent beaucoup plus durant cet état de conscience.

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Pour Milton Erickson, psychiatre/psychologue américain décédé en 1980 et père de l’hypnose ericksonienne, « l’hypnose isole la personne de son environnement conscient immédiat et dirige ainsi son attention à l’intérieur d’elle-même et vers ses propres potentialités réelles ».

C’est vers les années 1760 qu’on peut retracer les débuts de l’hypnose, même si celle-ci n’était pas encore connue à l’époque, mais découlait probablement de pratiques de suggestion qui généraient un état hypnotique chez des patients. Franz Anton Mesmer, un médecin allemand né en 1734, croyait que les maladies étaient causées par une mauvaise répartition du fluide animal qui remplit l’Univers et qui sert  d’intermédiaire entre les êtres humains, la terre et les corps célestes, mais aussi entre les êtres humains eux-mêmes. Mesmer clamait qu’il réalignait le magnétisme de ses patients et certains affirmaient se sentir mieux après les séances. Évidemment, point de fluide animal et autre magnétisme à réaligner avec les planètes, mais probablement un fort pouvoir de suggestion couplé à des capacités hypnotiques encore méconnues. Malgré les critiques virulentes de l’époque sur le magnétisme animal de Mesmer (évidemment justifiées), celui-ci a réussi à donner son nom au verbe anglais to mesmerize, c’est-à-dire à la capacité d’une chose ou d’un être à attirer tellement votre attention que vous êtes presque en état d’hypnose.


Une pratique qui prend de l’ampleur en santé

Même si le recours à l’hypnose suscite encore de la méfiance chez beaucoup de patients, de plus en plus de professionnels de santé suggèrent cette pratique qui ne remplace pas certains actes médicaux, mais qui vient en complément de ceux-ci. Ainsi, des séances d’hypnose peuvent être choisies par un patient dans de nombreux actes médicaux ou même par les personnes qui font appel aux services d’un expert en santé mentale, que ce soit un psychiatre ou un psychologue. Par exemple, l’hypnose thérapeutique dans le domaine de la santé mentale implique une synchronisation entre le patient et le thérapeute. Ce dernier comprend ainsi mieux les angoisses, les peurs ou encore les désirs et attentes de la personne en transe positive. Il peut également mieux faire passer des messages rassurants, calmants, ou même rationnels. Tout se passe comme si les deux personnes étaient « sur la même longueur d’onde » pour reprendre les mots de Claude Virot, médecin psychiatre et créateur de l’institut Émergences en France. Ce psychiatre formé à l’hypnose en 1986 souligne que, selon les enquêtes, « 90 % des gens qui rentrent dans un cabinet de dentiste sont en transe négative. Les patients bloquent pratiquement complètement leurs ressources de guérison : augmentation des douleurs, cicatrisations moins bonnes, augmentation des risques d’infection, etc. » (voir la vidéo de la conférence plus bas dans ce billet).

Dans le domaine de la chirurgie, il est important de rappeler que l’hypnose ne peut se substituer à une anesthésie générale nécessaire dans des cas de chirurgie lourde. On ne peut donc pas encore se faire amputer un membre ou subir une craniectomie sous hypnose. Par contre, elle peut être pratiquée dans certains cas de chirurgie légère. De plus, un patient qui accepte de subir une séance d’hypnose juste avant une opération chirurgicale va être mis dans un état de transe positive visant à lui amener un confort accru, à le rassurer vis-à-vis de l’acte chirurgical. Ce confort sera utile avant l’opération, mais aussi au réveil, puisque la plupart des patients ressentent les effets de l’hypnose même après avoir été opérés, notamment pour ce qui est de l’intensité de la douleur.



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Crédit : Les prouesses de l’hypnose – hebdo.ch


D’ailleurs, parlons de la douleur et de l’état de transe hypnotique. On sait que l’hypnose agit sur le système limbique qui serait entre autres associé à la sensation de douleur. Comme le rapporte le site Allo Docteurs, « l’hypnose peut bloquer la circulation des neuromédiateurs et par conséquent de la douleur dans le corps. Elle les empêche de « dire » au cerveau que tel ou tel endroit du corps souffre. De plus, l’hypnose diminue la quantité d’hormones de la douleur. » L’hypnose thérapeutique suscite un intérêt tellement grandissant qu’un congrès international réunissant plus de 2000 experts s’est tenu à Paris du 27 au 29 août 2015.

Et l’autohypnose ?

Nous avons souligné plus haut que l’état de transe hypnotique est un phénomène naturel dont nous faisons régulièrement l’expérience sans nous en rendre compte. Cependant, est-il possible d’induire cet état de façon volontaire par nous-mêmes et pour nous mêmes ? Oui et cela s’appelle bien sûr l’autohypnose, soit le fait de réussir à rentrer seul dans un état de conscience modifiée qui nous fait lâcher prise, qui nous isole de l’environnement. C’est d’ailleurs afin de prouver l’intérêt de cette technique pour diminuer la douleur qu’une équipe française s’apprête à démarrer une étude avec une trentaine de patients en attente d’une greffe pulmonaire qui vont être formés à l’autohypnose. L’objectif pour les patients est plus précisément « d’apprendre avant l’intervention à se mettre eux-mêmes dans un état particulier de conscience modifié et de plonger, quand ils en ressentent le besoin, dans un espace de rêverie pour prendre de la distance avec la réalité, désamorcer leur angoisse et réduire leur stress. »


Au Québec, la pratique thérapeutique de l’hypnose n’est pas réglementée. Si vous êtes intéressé par cette pratique, il convient donc de se renseigner en premier lieu auprès de la société québécoise d’hypnose, comme mentionnée dans cet article du magazine L’actualité.

Pour aller plus loin :

L’excellente conférence de Claude Virot, organisée par l’Espace des sciences à Rennes en France :

Un petit reportage du magazine Les Débrouillards sur le dentiste Claude Verreault qui pratique l’hypnose dans son cabinet au Québec :

Auteur :Jérémy Bouchez Hinnovic.org

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