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Le quotidien en milieu hospitalier et les risques associés aux technologies médicales


Le quotidien en milieu hospitalier et les risques associés aux technologies médicales

Toutefois, les risques associés aux technologies médicales dépendent non seulement du quotidien en milieu hospitalier, mais aussi des interactions entre les multiples technologies qui s’y trouvent.

L’Institut américain ECRI (www.ecri.org), une organisation à but non lucratif spécialisée en évaluation d’appareils médicaux, a publié un guide décrivant les dix principales sources de risques associés à l’usage et à la gestion des technologies médicales.

Les dix principales sources de risques (ECRI, 2011):

  • Alarmes automatiques (pompes programmables, moniteurs, dialyse, etc.)

  • Radiation ionisante des appareils de radiothérapie et tomographie

  • Erreurs de dosages avec les pompes à infusion programmables

  • Contamination associée à la réutilisation d’endoscopes flexibles

  • Mauvaise gestion de la connectivité des systèmes informatiques et appareils médicaux

  • Connexions inadéquates des dispositifs d’alimentation entérale

  • Feux chirurgicaux

  • Blessures et contamination causées par des aiguilles et autres objets contondants

  • Vérification pré-usage incomplète des appareils en anesthésie

  • Faible convivialité des appareils médicaux utilisés à domicile


Note: Pour dresser cette liste, ECRI considère la gravité du danger, sa fréquence, l’ampleur de ses conséquences et sa médiatisation éventuelle.

Lorsqu’on examine chacune des sources, il est frappant de constater que les risques dépendent dans une large mesure des routines cliniques, des aléas associés aux ressources humaines et à la charge de travail fluctuante et des contraintes pratiques et budgétaires.

Prendre le temps de bien stériliser?

Outre le fait que ce guide nous rappelle que des technologies aussi banales qu’un connecteur de tube d’alimentation entérale (no 5) peuvent causer des accidents assez sérieux, il propose des moyens concrets pour réduire ces risques et protéger les patients. Le guide contient en effet des hyperliens donnant accès à des stratégies et des outils spécifiques à chacune de ses sources (affiches, logigrammes, vidéos, auto-évaluation, références professionnelles et scientifiques).


Tous doivent être mobilisés

bonne gestion des risques ne peut pas incomber aux seuls gestionnaires qui y sont affectés. Les cliniciens, les ingénieurs biomédicaux, les techniciens et les responsables des technologies de l’information doivent tous être mobilisés. Alors que l’informatique occupe une place croissante dans les établissements de santé et que les dispositifs médicaux eux-mêmes comportent de plus en plus de composantes informatiques, la mise à jour des logiciels peut entrainer des problèmes d’interopérabilité (no 5). Les changements devraient donc s’effectuer par étape, en testant d’abord en “mode laboratoire” leurs effets sur les autres systèmes. Par exemple, si des données sont partagées entre un dossier médical informatisé, le service de pharmacie qui exploite des codes à barres pour préparer et livrer les médicaments et un moniteur sur lequel des images radiologiques peuvent être lues, ces tests nécessitent la collaboration d’un grand nombre d’intervenants.

Enfin, on constate que les dispositifs techniques planifiés qui visent explicitement à réduire les erreurs humaines peuvent aussi s’avérer une source de problèmes. Que les alarmes automatiques des pompes programmables et des moniteurs arrivent en tête de liste semble presque ironique puisque celles-ci reposent sur une logique de prévention qui est imbriquée à même la technologie. Le personnel soignant, à force d’entendre et de devoir réagir à des alarmes importunes, développe non seulement une lassitude, mais peut également tenter de modifier leurs paramètres ou les désamorcer complètement. En fait, la liste dans son ensemble indique que le design des appareils eux-mêmes est central et qu’il doit être mûrement réfléchi et testé en fonction des conditions réelles —quotidiennes— d’usage. Un design efficace ne doit pas uniquement présumer que l’usager peut parfois être “idiot”, il doit surtout lui permettre de ne pas le devenir.

Auteure :Pascale Lehoux, Ph.D.

RÉFÉRENCES


Pour se procurer le rapport et les outils développés par ECRI: https://www.ecri.org/Forms/Pages/ECRI-Institutes-2012-Top-10-Health-Technology-Hazards.aspx

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