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L’Alberta centralise puis… décentralise!


Une équipe d’ambulanciers à Edmonton, Alberta. Crédit photo : Kurt Bauschardt via Flickr


Pensez-vous qu’en centralisant on économise? L’expérience albertaine nous apprend que non.


En 2008 l’Alberta s’était lancée dans un projet de restructuration de son système de santé pour le centraliser, l’objectif étant de passer de 9 autorités régionales à une autorité centrale avec 5 directions sous régionales. En mettant en place ce système, l’Alberta pensait pouvoir faire des économies en santé tout en couvrant l’ensemble du territoire et en uniformisant les soins. Ce qui est frappant, c’est que le budget de 12 milliards en santé est passé à 18 milliards en 2014 après la réforme (Bouvier-Auclair, 2014). Compte tenu des nombreuses critiques, un comité a publié un rapport portant le titre : «Travailler ensemble pour construire un système de santé de haute performance», lequel rapport comporte de nombreuses recommandations pour modifier une nouvelle fois le système de santé albertain. Parmi ces recommandations, le rapport défend l’idée de décentralisation, car il faut prendre en compte l’importance des médecins qui sont plus près des réalités du terrain, ils connaissent donc mieux la réalité des patients.

Des conséquences parfois graves pour la santé et la survie des patients

Pensez-vous qu’en centralisant on aide mieux les citoyens? L’Alberta nous a prouvé que non. En effet, ce sont les régions rurales qui ont le plus souffert. Par exemple, dans une même région, la qualité de soins variait d’un quartier à un autre et même d’un côté de la rue à un autre! Un autre exemple marquant est le témoignage d’un ambulancier qui nous apprend qu’il lui a fallu parcourir une distance d’environ 1 heure et 15 minutes pour essayer de sauver un patient, mais que cette distance ne permettant pas de sauver les patients dans l’urgence, il n’a pu que constater le décès de l’appelant à son arrivée (Wagner, 2015). La centralisation a allongé le trajet des ambulanciers. En d’autres mots, ces communautés ont dû faire face à l’attraction et à la rétention de la main d’œuvre, aux longues distances et aux difficultés de coordination entre communautés (Schmidt, 2014).

Compte tenu de toutes ces limites, la ministre de la santé de l’Alberta n’a eu d’autres choix que de promettre d’instaurer 8 à 10 districts opérationnels ce qui «permettrait aux communautés rurales une voix plus forte dans la prise de décision au niveau local» (Dykstra, 2015). Ce faisant, il est impératif que chaque région puisse être autonome dans la gestion de ses contraintes budgétaires, humaines et administratives. Selon la présidente de Santé Alberta, grâce à ses changements les régions seront représentées de façon juste et équitable, car il y aura une participation plus grande du fait que la prise de décision se fera au palier local.

En ne tenant pas compte de l’expérience des Albertains, le ministre de la santé du Québec est en train d’appliquer les mêmes structures qui ont fait défaut en Alberta. Doit-on s’inspirer des erreurs commises par nos voisins ou les répéter à notre tour?



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En donnant la chance à des étudiants de publier des articles vulgarisés sur des problématiques de santé publique, Hinnovic s’assure de donner la parole à la relève!

Auteur(e)s :Sékou Cissé, Ra-ma St-Amand et Eliza Alexandra Pavel Étudiants POL5831 : Administration de la politique sociale de l’état Université du Québec à Montréal.

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