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Forum Novae 2017 : des initiatives et des innovations pertinentes


Crédit graphique : Novae


Le 25 octobre 2017 dernier, Novae tenait son forum annuel avec pour objectif de « scruter les innovations positives et engagées qui marqueront les entreprises québécoises dans quatre grands secteurs-clés ». Hinnovic était présent à cet événement annuel. Voici le récit des innovations et initiatives que nous avons trouvées inspirantes dans les 4 grandes thématiques proposées : « Alimentation et agriculture », « Énergie et transports », « Finance et société » et « Architecture et urbanisme ».


La permaculture ou l’art de s’inspirer des écosystèmes


Crédit : Possiblemedia.fr


« S’inspirer du fonctionnement des écosystèmes naturels pour créer des installations humaines de tous ordres, fermes, jardins, villes, entreprises, qui fonctionnent autant que faire se peut comme des écosystèmes ». C’est, selon Charles-Hervé Gruyer, cofondateur de la ferme du Bec Hellouin en France, une définition large de la permaculture. Cette forme d’agriculture respectueuse de la nature séduit aussi au Québec des personnes qui veulent « cultiver différemment ». L’entreprise Écomestibles basée à Sherbrooke se spécialise dans la conception et l’implantation de jardins forestiers et de « paysages comestibles » tout en pratiquant l’agroécologie. Jonathan Pineault avait fait le déplacement au Forum Novae afin d’expliquer les avantages de l’approche novatrice de l’entreprise. Ce jeune entrepreneur, qui a cocréé Écomestibles en 2012, insiste sur le fait que l’approche de la permaculture permet de « penser en termes d’utilité et de fonction tout en réintégrant les parties d’un écosystème dans un tout ». Lors de ses interventions au Forum Novae, il a rappelé  l’importance de ne pas cantonner la permaculture hors des grands centres urbains, mais qu’elle a au contraire toute sa place dans ceux-ci, permettant ainsi de bénéficier d’une approche holistique tout en redécouvrant les bienfaits de la nature en ville, comme nous l’avons souligné d’ailleurs dans un billet intitulé « Urbanisation et santé publique : reconnecter avec la nature en ville ». En termes de santé publique, il est de plus évident que cette démarche d’aménagement du paysage urbain permet de lutter contre les îlots de chaleur, tout en donnant accès à une alimentation saine aux populations urbaines. La permaculture a aussi l’avantage d’augmenter la rétention des eaux de pluie, qui normalement finissent dans les caniveaux. Nul doute que cette façon de cultiver la terre dans le respect des écosystèmes est amenée à prendre toute la place qui lui revient, tant à la campagne que dans les villes.



Ecotuned et Téo Taxi : convertir les véhicules et les usagers  

Quel mot ont en commun les jeunes entreprises Ecotuned et Téo Taxi ? La conversion bien sûr ! Quand la première cherche à convertir des véhicules thermiques en véhicules électriques, la deuxième cherche à convertir les utilisateurs du taxi aux déplacements en véhicules électriques, mais l’objectif général reste le même : mettre fin à l’ère des véhicules à propulsion thermique qui nous rendent dépendants des énergies fossiles et qui rejettent beaucoup plus de gaz à effet de serre que leurs équivalents électriques (un véhicule électrique peut rejeter des gaz à effet de serre durant sa fabrication et parfois en fin de vie utile).


Crédit photo : Ecotuned


Créée en 2010 par Andy Ta, Ecotuned s’est d’abord lancée dans la conversion de véhicules thermiques des années 80 et 90 (elle s’appelait alors GranTuned Automobile). Par la suite, Ecotuned s’est tournée vers la conversion de camionnettes utilisées par des institutions comme le ministère des Transports, Hydro-Québec ou encore la ville de Montréal. En effet, certaines flottes sont remplacées avant la fin de vie utile des véhicules et la valeur de ces derniers baisse considérablement les premières années. Durant son intervention, Andy Ta précise que « si les caisses des camionnettes ont été bien entretenues, le changement d’un moteur thermique à un moteur électrique donne une 2e jeunesse aux véhicules, un moteur électrique étant beaucoup plus résilient vis-à-vis des frottements ». La jeune entreprise annonce sur son site qu’elle propose « Le premier kit de conversion électrique réutilisable pour camionnettes au monde ». De plus, les économies suggérées sont impressionnantes : environ 88 % sur le plan énergétique, 54 % sur les coûts d’entretien pour un coût annuel équivalent en baisse de 38 %. Ecotuned a réussi à tisser des partenariats avec des acteurs importants comme l’École de technologie supérieure (des étudiants sont impliqués dans le projet), la Société de l’assurance automobile du Québec ou encore le Ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l’Électrification des transports. Andy Ta était d’ailleurs venu au Forum Novae avec un véhicule converti. Nul doute que vous entendrez de plus en plus parler de cette jeune entreprise qui a le vent dans les voiles… ou plutôt, de l’électricité dans le moteur !



La classe de maître sur la mobilité

Aucun intervenant représentant une société de transports en commun (TEC) ou les transports actifs n’était présent au sein du panel « Énergie-transport ». Toutefois, une classe de maître était proposée sur le thème « De la mobilité en tant que service à la mobilité en tant que réseau ». L’exercice consistait à échanger en groupe (une quinzaine de personnes) sur les défis liés aux transports, à la congestion et aux émissions de GES. Quelles sont les solutions innovantes en matière de transport ? Comment tirer parti des données des utilisateurs pour améliorer les réseaux de transports ? Comment utiliser les transports pour réduire les inégalités ?

Parmi les solutions proposées à la suite de la synthèse des discussions, on retrouve l’idée d’adapter le coût des transports en commun en fonction du revenu, c’est-à-dire une tarification « sociale », une option qui fait son petit bonhomme de chemin dans plusieurs grandes métropoles autour du monde (déjà en place à Calgary depuis 2005) et qui a d’ailleurs était mise de l’avant lors de la dernière campagne électorale aux élections municipales de Montréal. D’autres participants ont suggéré de tarifier les TEC en fonction de la possession ou non d’un véhicule. Toujours dans le but d’inciter les déplacements en TEC, la contribution des employeurs à l’achat d’un titre de transport était une solution souvent proposée par les différents groupes de la classe de maître. Plusieurs intervenants ont mentionné que leur employeur propose déjà cette option qui profite à toute la communauté. In fine, la majorité des participants à cette classe de maître ont mentionné l’importance d’un meilleur encadrement de la mobilité durable par les pouvoirs publics.

Fait important à noter, tant durant la section «Transports et énergie » que durant la classe de maître, il y avait une quasi-absence de débats et de réflexions sur la place grandissante des transports actifs dans les déplacements urbains, surtout à Montréal, la métropole étant souvent citée comme un exemple en Amérique du Nord. Pourtant, les transports actifs participent à l’amélioration de la santé métabolique et le qualificatif de « ville en santé » est désormais indissociable d’une forte progression des transports actifs.


L’innovation sociale dans le secteur de l’urbanisme


Crédit : axelrd via Flickr CC


Autre domaine dans lequel l’innovation sociale peut faire une différence, celui de l’utilisation de bâtiments vacants dans le but de proposer une offre d’espace transitoire et temporaire à des tarifs abordables. Créée en 2016, l’organisme sans but lucratif Entremise propose de « Connecter des espaces sans personne à des personnes sans espace ». Selon Philémon Gravel, cofondateur d’Entremise et directeur de l’aménagement, certains organismes estiment que jusqu’à 30 % des bâtiments dans certaines grandes métropoles sont vacants. Une réalité qui a par exemple incité Londres (UK) à créer un règlement de zonage temporaire pour faciliter l’utilisation de logements vacants alors que des organismes estiment que les bâtiments commerciaux non occupés pourraient à eux seuls représenter 420 000 logements dans la capitale britannique. Les locaux vacants représentent aussi une problématique pour Montréal. Philémon Gravel a rappelé durant le panel que les risques d’incendie sont plus élevés dans les bâtiments vacants, les récents incendies dans plusieurs bâtiments patrimoniaux non occupés rendent d’autant plus pertinente l’approche d’Entremise. L’OBNL fait « actuellement de la recherche afin de déployer la gamme de services idéale destinée aux propriétaires de logements vacants », tout en militant pour un meilleur accès à des locaux abordables, tant pour le logement des familles que pour « les artistes, les organisations culturelles et communautaires ainsi que les entreprises d’économie sociale en démarrage ».

Nous avons choisi ces quelques projets inspirants qui, indirectement, ont des impacts positifs sur la santé publique, mais d’autres innovations positives ont été présentées tout au long du Forum Novae 2017. Souhaitons à ces esprits innovants une réussite ou une extension de leurs projets dans les prochaines années. Pour les 10 ans d’Hinnovic en 2018, nous ferons sûrement le suivi de plusieurs des initiatives décrites dans ce billet.


Jérémy Bouchez


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