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Les Living Labs : pour une innovation ouverte, citoyenne et plus efficace

  • hinnovic
  • 13 août 2014
  • 4 min de lecture


Ceci n’est pas de la science-fiction, mais plutôt un des projets du Living Lab unissant la Société des arts technologiques (SAT) et l’hôpital pour enfants. Inauguré en 2012, ce «laboratoire vivant» est dédié à l’humanisation des soins de santé par l’entremise des arts numériques. Comme toutes les autres initiatives se réclamant du label «Living Lab», celui de la SAT/CHU Sainte-Justine repose sur la participation active des usagers, dans ce cas-ci les patients, les familles et le personnel soignant.

«Un Living Lab est une méthode de recherche d’innovation ouverte qui met l’usager dans une position de créateur. Il est directement impliqué dans la création, l’expérimentation et la validation de produits ou de services qui le concernent, et ce, dans des conditions réelles. Le tout se déroule dans un écosystème auquel participe des organisations publiques et privées ainsi que des groupes de citoyens», résume Patrick Dubé, codirecteur de la recherche à la SAT et président de la table de concertation montréalaise des Living Labs.

Le phénomène des Living Labs est né à la fin des années 1990 dans le Media Lab du Massachusetts Institute of Technology et s’est accéléré avec l’éclatement de la bulle Internet. «À ce moment, on s’est rendu compte qu’on développait beaucoup de trucs pour des besoins qui n’existaient pas», rappelle Patrick Dubé. «Les investisseurs se sont tannés de voir des technologies qui restaient sur les tablettes et des marchés trop rapidement saturés. C’est ce qu’on appelle le syndrome du spécialiste : on est persuadé de savoir ce que veulent les usagers alors qu’on est à côté de la plaque. Parfois, ce sont des subtilités qui font toute la différence dans l’expérimentation d’un produit ou d’un service et qui, en bout de ligne, en assure l’adoption. Les Living Labs nous évitent ces écueils. Ils permettent aussi de réduire les cycles d’innovation et les risques associés, en plus d’accélérer la mise en marché et, évidemment, d’augmenter la satisfaction des usagers.»

En 2013, on dénombrait plus de 340 Living Labs répartis dans 40 pays. Ces laboratoires font partie du European Network of Living Labs (ENoLL), un organisme à but non lucratif qui homologue les projets de ce genre et documente les bonnes pratiques. On retrouve cinq Living Labs étampés ENoLL au Québec : le Mandalab, le Hub Urbain (porté par la Société des arts technologiques avec au cœur le projet de Living Lab SAT/CHU Ste-Justine), le Laboratoire du Passage au numérique (CÉFRIO), le CERCLE et le Laboratoire vivant de réadaptation du Centre de recherche interdisciplinaire en réadaptation du Montréal métropolitain (CRIR) – qui vient tout juste d’obtenir son accréditation. On compte aussi une douzaine d’autres initiatives qui, bien qu’elles ne fassent pas partie du réseau ENoLL, n’en sont pas moins des Living Labs.

La santé, un domaine d’innovation populaire

Si les laboratoires vivants couvrent une multitude de sujets – des arts aux transports, en passant par les villes intelligentes, le travail, le tourisme, la mode, l’environnement et l’agriculture – la santé reste le champ d’innovation le plus populaire. Environ 10% des Living Labs homologués y consacrent leur mission. Selon les auteurs du Livre blanc des Livings Labs, publié par la SAT en 2014, ce modèle de recherche d’innovation s’applique bien au secteur de la santé où on fait de plus en plus appel aux patients partenaires.

Un bon exemple est celui du Living Lab démarré au centre d’hébergement Paul-Émile Léger du CSSS Jeanne-Mance. «On a travaillé avec les résidents, les professionnels de la santé et des experts externes – comme des firmes de jeux vidéo – pour imaginer ce que pourraient être les espaces communs de cette résidence, indique Patrick Dubé. Puis, les résidents et les professionnels ont exploré la faisabilité des idées lancées en prenant des photos sur le terrain et en documentant leurs observations. Des designers ont par la suite mis au point des prototypes que les usagers ont testés. À l’heure actuelle, les plans architecturaux sont prêts. Il ne reste qu’à collecter les fonds pour que tout cela se concrétise.» Et par tout cela, Patrick Dubé veut dire entre autres un mur de réalité virtuelle immersif qui fera voyager les résidents partout sur la planète, ainsi que des cabines de téléprésence – un dérivé d’une cabine téléphonique en version vidéo immersive, dans laquelle on peut rentrer avec son fauteuil roulant et qui permettra de garder le contact avec les siens ou avec d’autres résidents parfois coincés sur un étage en raison d’une quarantaine.

Un autre exemple dans la même mouvance : le Laboratoire vivant de réadaptation du CRIR qui se déroule dans le centre commercial Alexis Nihon. Une quarantaine de chercheurs y travaillent avec des cliniciens, des usagers et des gestionnaires pour améliorer l’accessibilité du centre d’achats et des commerces. «C’est un endroit particulier, grouillant d’activités, qui fait de plus en plus office de lieu de socialisation pour des individus, surtout ceux d’un âge avancé», remarque Tiiu Poldma, professeure à la Faculté de l’aménagement de l’Université de Montréal et chercheuse au CRIR. «Notre objectif est de créer un environnement intuitif pour faciliter la participation sociale des gens aux prises avec une déficience.» Créé en 2011, ce Living Lab a mis au monde plus de 60 projets. Déjà, des rampes d’accès ont été ajoutées, l’éclairage amélioré et un système de signalisation vocale pour les personnes non-voyantes mis à l’essai. Un concept de fauteuil roulant intelligent capable de répondre à des commandes vocales et d’éviter des obstacles a aussi été développé. «Le laboratoire vivant a un autre avantage : il sensibilise nos partenaires privés, les gestionnaires et les commerçants, à la réalité des gens ayant un handicap», ajoute Mme Poldma.

«Un Living Lab est un modèle complexe, pas forcément facile à mettre en place, mais tellement prometteur! s’exclame la chercheuse. En effet, comme scientifique, il faut se rendre à l’évidence que parfois, il ne sert à rien de faire de la recherche dans un monde clos – comme c’est le cas des véritables laboratoire – alors que les premiers qui bénéficient de notre travail vivent dans le monde réel.»


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