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Le Centre intégré de santé et services sociaux de Laval à la pointe du virage vert en santé


Crédit photo CISSS de Laval.


Depuis quelques années au Québec, plusieurs établissements de soins de santé ou CISSS ont pris des mesures et mis en place des pratiques afin de réduire leurs impacts environnementaux tout en ayant une vision holistique de la santé. Le CISSS de Laval est de ceux-là. Entrevue avec Yvan Castonguay, Directeur adjoint services techniques au Centre intégré de santé et services sociaux de Laval (CISSSL) et Nathalie Robitaille, Directrice adjointe et conseillère senior pour Synergie santé environnement (SSE).



De ce fait, la mise en commun de nos « bons coups » dans les dossiers de développement durable vient renforcer un de nos objectifs, soit de s’assurer que nous avons une vision commune en matière de réduction des impacts environnementaux au sein du CISSS de Laval. Il faut tout de même faire mention que les pratiques ne sont pas toutes arrimées et c’est pourquoi nous avons élaboré une politique commune en développement durable ainsi qu’un plan d’action. Plusieurs installations du CISSS sont des « leader » reconnus et ont développé une certaine expertise, tels que des projets d’économie d’énergie, des projets d’économie d’eau potable, de gestion écoresponsable des déchets de construction, de gestion des matières recyclables et autres.

En particulier à la Cité-de-la-Santé, nous avons profité de l’engagement du personnel et de la direction dans le cadre de la mise en œuvre des différents projets. De surcroît, l’implication du personnel clinique et médical est un élément essentiel au succès de certains projets. L’équipe d’hygiène et salubrité et technique contribuent de différentes façons au succès des projets ; transport des bacs de récupération, aménagement de certains espaces, information, etc.

Nathalie Robitaille — J’ajouterais qu’une des grandes préoccupations du CISSS de Laval est de prendre soin de la santé dans une approche globale ou systémique en créant des environnements sains et favorables à la santé de son personnel, des patients et de la population en général. Des activités comme la Journée de l’arbre de la santé, initiée par le Dr Reeves il y a 10 ans ou celles offertes dans le cadre de la démarche entreprise en santé en sont de bons exemples. La mise en œuvre de plusieurs actions en faveur d’une saine gestion des matières résiduelles et de l’eau démontre l’intérêt et l’engagement du CISSS de Laval de réduire son empreinte environnementale et d’améliorer ses pratiques. Le CISSS de Laval reconnaît ainsi son rôle de leader en santé et sa responsabilité populationnelle. Le fil conducteur de toutes ces actions est de promouvoir une meilleure santé environnementale.


Yvan Castonguay — Il faut savoir que dans le secteur de la santé, un des enjeux majeurs depuis de très nombreuses années réside dans la capacité à trouver des débouchés pour les matières résiduelles, et ce, d’autant plus qu’il y a une certaine méfiance des récupérateurs en lien avec la contamination potentielle des matières. De surcroît, la fréquence de cueillette  et le volume minimal à récupérer demeurent des contraintes importantes considérant la problématique d’espace d’entreposage.

L’implication des secteurs cliniques dans les différents projets de développement durable demeure une contrainte à ne pas négliger. Les soins à offrir à nos patients, résidants, jeunes étant la priorité de notre organisation, l’enjeu de la participation du personnel clinique  doit être évalué a priori.

Un autre défi important est sans aucun doute la capacité à suivre le développement des différents projets et à supporter le personnel lors de l’implantation. De surcroît, la pérennité des différents projets est quelque peu difficile, puisque pour les gestionnaires des services techniques, il s’agit d’un élément parmi tant d’autres à suivre et à supporter. Qui plus est, la complexité de l’organisation rend difficile la cueillette d’information permettant de faire un suivi des dossiers de développement durable.


Nathalie Robitaille — Le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) a entrepris une démarche en développement durable il y a quelques années et a invité les établissements à nommer un responsable en développement durable cette année. Recyc-Québec, de plus en plus conscient des enjeux et des défis rencontrés par les établissements de santé en matière de gestion des matières résiduelles, est un partenaire engagé et à l’écoute de nos besoins et des spécificités de notre milieu. En fait, une entente tripartite a été signée entre Recyc-Québec, SSE et les CISSS de Laval et de la Montérégie-Est afin de réaliser un projet pilote visant l’implantation d’un système de récupération des plastiques hospitaliers, plastiques actuellement destinés à l’enfouissement. Ceci dit, la volonté d’agir et d’engagement est propre à chaque établissement. Le CISSSL fait preuve de cette volonté à bien des égards !


Tel que mentionné précédemment, le support des récupérateurs au milieu hospitalier demeure un élément à améliorer. Par exemple, nous avons implanté dans nos différentes installations quelques projets de récupération des matières putrescibles. Le personnel impliqué dans ces projets fait face à de nombreux irritants pour lesquels il existe peu de solutions. De surcroît, peu de récupérateurs sont intéressés par cette matière! Nous tentons de développer un partenariat avec la ville afin de régulariser la situation, mais pour l’instant ce service ne nous est pas offert.

Un autre exemple de projet pour lequel l’apport du secteur de la santé est important, mais qui exige beaucoup d’efforts et d’adaptation de notre organisation est sans aucun doute l’objectif des municipalités de réduction de la consommation d’eau potable. Dans le cadre de cet objectif, notre CISSS a élaboré un plan d’action qui est en lien avec les objectifs ministériels de réduction de la consommation d’eau. Par contre, cet objectif de réduction de notre consommation en eau ne tient pas toujours compte de notre réalité. Je pense notamment au fait que nos installations de plomberie ne sont pas toujours adaptées à une réduction des débits d’eau inhérents à l’installation de systèmes réducteurs de la consommation (pommeaux de douches, toilettes à faible débit…). Cela peut occasionner des bris et des dégâts majeurs qui nécessitent dans certains cas une réparation coûteuse.

Nathalie Robitaille — Il existe plusieurs obstacles lorsqu’il s’agit de changer des pratiques et l’enjeu de communication en est assurément un d’importance ! Nous rencontrons également des défis relativement à l’atteinte des objectifs gouvernementaux, car la réalité de notre milieu est complexe et les solutions souvent inexistantes ou non adaptées. Prenons par exemple, le bannissement des matières organiques putrescibles pour 2020. La collecte municipale, et c’est le cas à Laval, n’intègre pas les institutions et cela oblige les établissements de santé de se tourner vers le privé et de défrayer les coûts souvent plus importants que l’enfouissement. Dans un contexte de compressions budgétaires, disons que cette alternative n’est pas la bienvenue. Toujours en ce qui a trait à la gestion des matières résiduelles, il n’existe pas toujours des filières pour certains types de matières. Par exemple, bien que nos plastiques soient propres et de bonne qualité, ils sont difficilement valorisables, car méconnus de l’industrie du plastique. Le partenariat avec Recyc-Québec nous aidera à développer ce marché et à donner une valeur (même financière) à cette matière ! C’est également dans le mandat de SSE de trouver des opportunités, des alternatives et des projets novateurs afin de faire évoluer le réseau de la santé vers de meilleures pratiques en santé environnementales.


J’ajouterais aussi qu’il est important de demeurer réaliste et de s’assurer d’avoir des partenaires fiables avant que le projet ne démarre. L’erreur à ne pas commettre serait de multiplier les projets, mais de ne pas avoir de filières et de débouchés. Il est souvent plus judicieux de diminuer le nombre de projets, mais de bien réaliser ceux dans lesquels on a investi du temps, de l’argent et des efforts.

Un autre aspect important qui est trop souvent oublié est celui de l’espace, surtout pour les matières recyclables. Il y a bien sûr beaucoup d’établissements qui n’ont pas été conçus pour avoir des espaces de récupération et d’entreposage. Par exemple, dans certains établissements de l’île de Montréal, le compacteur est déjà sur le bord de la rue, ce qui indique que c’est très difficile pour eux d’entreposer des matières.

Nathalie Robitaille — Afin d’inciter les directions qui seraient moins convaincues par l’idée de s’engager en faveur d’une démarche de santé environnementale et développement durable, au-delà des retombées financières que peuvent procurer de meilleures pratiques environnementales, j’insisterais sur la responsabilité de promotion de la santé qu’ont nos établissements. L’approche écosystémique de la santé devrait être de mon point de vue, mise de l’avant par tous les établissements ! L’internalisation des coûts environnementaux et de santé devrait également faire partie de l’équation.

De plus, comme Yvan Castonguay l’a souligné, il faut mettre de l’avant des projets réalistes et signifiants et adopter une approche participative ainsi qu’une bonne communication. Il est important de tenir compte des besoins « terrain » et d’être à l’écoute des solutions qui émergent de la base. Rappelons-nous que les experts du milieu sont ceux qui y travaillent !Invité(e)s :Yvan Castonguay, Directeur adjoint services techniques au Centre intégré de santé et services sociaux de Laval (CISSSL). Nathalie Robitaille, Directrice adjointe et conseillère senior pour Synergie santé environnement (SSE).


Journaliste : Jérémy Bouchez

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