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La pratique avancée en physiothérapie : une solution pour de meilleurs soins en orthopédie


La pratique avancée en physiothérapie : une solution pour de meilleurs soins en orthopédie


L’orthopédiste possède une expertise et une formation poussée pour traiter chirurgicalement des patients souffrant de lésions musculosquelettiques. Cependant, dans le système actuel de soins, l’orthopédiste reçoit une importante proportion de références non pertinentes. Selon certaines études, de 55 % à 90 % des patients référés pour une première consultation en orthopédie ne sont pas des candidats immédiats à la chirurgie (Hattam, 2004; Desmeules et coll., 2012).

Pour améliorer l’accès et la prise en charge de ces patients, ailleurs au Canada, ou dans d’autres pays, de nouveaux modèles de soins en orthopédie impliquant des physiothérapeutes ont été développés et graduellement implantés. Plusieurs études ont rapporté les bénéfices importants de ces modèles de soins impliquant un physiothérapeute en pratique avancée, tant sur l’accessibilité aux services, la qualité des soins prodigués, que sur la satisfaction des différents intervenants et des patients (Aiken et coll., 2008; MacKay t coll., 2009; Desmeules et coll., 2012; Kennedy et coll., 2010).

Un nouveau rôle pour le physiothérapeute

Par sa formation, le physiothérapeute est capable de poser un diagnostic précis et proposer des interventions thérapeutiques adéquates et sécuritaires chez des patients présentant des lésions musculosquelettiques (Desmeules et coll., 2012).

Le physiothérapeute comme premier intervenant à la clinique externe d'orthopédie

Le physiothérapeute en pratique avancée peut donc, de façon autonome, poser un diagnostic et compléter l’investigation du patient. Il consulte au besoin l’orthopédiste et recommande un plan de traitement. Suivant son évaluation, si le physiothérapeute recommande un traitement chirurgical, le patient est alors vu par l’orthopédiste; si le patient nécessite un traitement traditionnel, le physiothérapeute peut alors donner des conseils, enseigner des exercices, prescrire d’autres interventions en réadaptation ou prescrire des médicaments. Encore une fois, il peut référer au besoin à l’orthopédiste pour des interventions particulières ou pour la prise en charge de cas plus complexes. Il assure aussi un suivi régulier chez les patients dont la condition le nécessite.

Validation du modèle : une première au Québec

Depuis avril 2012, un physiothérapeute en pratique avancée est présent à la clinique externe d’orthopédie de l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal où il a reçu une formation lui permettant d’assumer ce nouveau rôle. Il s’agit à notre connaissance du premier modèle de ce genre au Québec. Notre équipe en a fait une évaluation. Récemment publiée dans le journal BMC Musculoskeletal Disorders, elle démontre la validité de ce nouveau mode de pratique (Desmeules et coll., 2013). L’étude réalisée chez 120 nouveaux patients se présentant à la clinique externe d’orthopédie avec une affection musculosquelettique du genou ou de la hanche compare la capacité diagnostique du physiothérapeute à celle de trois orthopédistes. Le physiothérapeute et les orthopédistes ont évalué de façon indépendante les patients et posé ensuite un diagnostic. L’étude démontre que :

  • Dans 88 % des cas, il y avait accord entre les deux types d’intervenants.

  • Le physiothérapeute ne prescrivait pas plus de tests d’imagerie que les orthopédistes.

  • Dans 88 % des cas, il y avait concordance entre le physiothérapeute et les orthopédistes dans la détermination des cas considérés chirurgicaux ou non chirurgicaux.

  • En terme de modalités de traitement, le physiothérapeute donnait significativement plus de conseils, prescrivait plus souvent des anti-inflammatoires non stéroïdiens et des injections et prescrivait aussi plus souvent des exercices et d’autres modalités en réadaptation.

  • Les participants ont révélé être légèrement plus satisfaits par l’évaluation et la prise en charge faites par le physiothérapeute que par un des orthopédistes.


Ces résultats supportent donc ce nouveau modèle de soins et permettent de croire qu’une implantation plus large impliquant des physiothérapeutes en pratique avancée aurait des retombées positives pour le système de soins de santé au Québec. C’est d’ailleurs suivant les résultats et les conclusions de la présente étude qu’un deuxième hôpital sur l’île de Montréal implantera sous peu ce modèle de soins.

Pour en savoir plus sur le sujet

Voir notre dossier sur naviguer à travers le système.

RÉFÉRENCES

Aiken A.B., Harrison M.M., Atkinson M., Hope J. (2008). Easing the burden for joint replacement wait times: the role of the expanded practice physiotherapist. Healthc Q, 11(2): 62-66.


Hattam P. (2004). The effectiveness of orthopaedic triage by extended scope physiotherapists. Clinical Governance : An International Journal, 9(4) : 244-252.


MacKay C., Davis A.M., Mahomed N., Badley E.M. (2009). Expanding roles in orthopaedic care: a comparison of physiotherapist and orthopaedic surgeon recommendations for triage. J Eval Clin Pract., 15(1) : 178-183.


Desmeules F., Toliopoulos P., Roy J.S. et coll. (2013). Validation of an advanced practice physiotherapy model of care in an orthopaedic outpatient clinic. BMC Musculoskelet Disord, 14: 162.


Desmeules F., Roy J.S., Macdermid J.C., Champagne F., Hinse O., Woodhouse L.J. (2012). Advanced practice physiotherapy in patients with musculoskeletal disorders: a systematic review. BMC Musculoskelet Disord, 13(1) : 107.


Kennedy D.M., Robarts S., Woodhouse L.J. (2010). Patients Are Satisfied with Advanced Practice Physiotherapists in a Role Traditionally Performed by Orthopaedic Surgeons. Physiotherapy Canada, 62(4) : 298-305.

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