Sans compter que cela réduirait considérablement le temps d’attente, il n’y aurait plus de risques de rejet de l’organe étant donné qu’il s’agirait déjà d’une partie de son corps. Si cette situation peut sembler un peu futuriste, des chercheurs estiment que d’ici 10 à 20 ans, ce procédé sera faisable grâce au génie tissulaire. Cette nouvelle discipline fait appel à la fois aux sciences du vivant et à l’ingénierie et permet à des chercheurs en biomatériaux, génie des procédés, biologie et génie cellulaire de travailler ensemble.
Applications du génie tissulaire
Actuellement, cette technique est utilisée pour le traitement des grands brûlés. Le génie tissulaire du domaine cutané consiste à prélever une toute petite superficie de peau saine, à la cultiver et à la greffer par la suite sur le même patient. Si cela fait maintenant plusieurs années que les grands brûlés peuvent être soignés de cette façon, il reste encore à améliorer la technique afin de fabriquer un tissu qui réunirait toutes les caractéristiques de la peau d’origine. Mis à part le domaine cutané, les chercheurs travaillent aussi à l’application du génie tissulaire à d’autres domaines :
Orthopédique avec le remplacement ou la réparation du cartilage, du tissu osseux ou encore des ligaments;
Vasculaire avec la reproduction des trois couches distinctes des vaisseaux sanguins;
Cornéen avec la reconstruction de cornée humaine;
Construction de néo organes comme le cœur, le foie ou encore la vessie.
La finalité de cette discipline est essentiellement clinique, mais il existe aussi un potentiel expérimental qui intéresse particulièrement les chercheurs travaillant dans les domaines de la physiologie, de la pathologie et de la pharmacologie. Les organes créés grâce à cette technique sont en effet très proches des tissus d’origine et permettent ainsi de tester des produits sans risques pour les humains.
Enjeux du génie tissulaire
Qu’en pensez-vous? Si l’on peut régénérer les organes défectueux, incluant le cœur, allons-nous systématiquement les remplacer dès qu’un signe de défaillance fait son apparition? Le génie tissulaire sera-t-il accessible à tout le monde ou seulement réservé à ceux qui auront les moyens de payer un tel traitement? Quels seront les critères pour déterminer qui aura droit à cette technologie?
Auteure : Pauline Boinot, M.Sc.
RÉFÉRENCES
Hardouin P., K. Anselme, B. Flautre, F. Bianchi, G. Bascoulergue, B. Bouxin (2000), Ingénierie tissulaire et maladies du squelette, Revue du Rhumatisme, 67 (7) : 498-504
Baquey C. (2005), L’Ingénierie Tissulaire : un nouvel espace d’expression scientifique et de développement technologie au service de la santé, Pathologie Biologie, 53 (10) : 569-570
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