Notre dépendance à l’automobile en est la preuve : la voiture est un outil devenu indispensable pour répondre aux besoins quotidiens de déplacement des familles, contraintes à parcourir de longues distances et à concilier plusieurs déplacements en peu de temps. Dépendants de la voiture parentale, les enfants perdent alors des opportunités de développer leur autonomie, de marcher, de pédaler… bref, d’effectuer de l’activité physique. L’augmentation de l’obésité, considérée par l’OMS comme une véritable épidémie, n’est pas étrangère à cette perte : rappelons qu’au Canada, entre 1978 et 2004, le taux d’obésité est passé de 3 % à 8 % chez les 2-17 ans, alors que celui de l’embonpoint passait de 12 % à 18 % (ASPQ 2006).
Remonter le temps?
Ceci étant dit, il faut souligner que les préoccupations au sujet de la place de l’enfant dans la ville ne sont pas nouvelles. Déjà au 19e siècle, lorsque les activités industrielles fleurissaient, compromettant en même temps la qualité environnementale, on se demandait si la ville était un milieu approprié pour y grandir. C’est d’ailleurs sous la forme d’un retour à la campagne et en voulant maîtriser le développement urbain que des modèles comme celui de la Cité-jardin ont été conçus. L’objectif était de trouver un équilibre : il s’agissait de planifier tout un réseau de communautés, chacune étant suffisamment grande pour susciter un dynamisme économique (la dimension « cité ») et suffisamment petite pour garantir un contact avec le milieu naturel (la dimension « jardin »). À l’époque, Ebenezer Howard ne pouvait pas imaginer que le retour à la campagne qu’il proposait allait devenir extrêmement recherché et accessible grâce à la popularisation de la voiture, engendrant cependant le développement sans précédent des
Entre le modèle idéal et le résultat matériel, il y a toujours un écart. Ainsi, les quartiers aménagés selon les principes du Nouvel urbanisme comportent eux aussi des limites : il peut être coûteux de réhabiliter des secteurs anciens de la ville, de faire accepter le développement de quartiers plus denses par les résidents en place, d’attirer des commerçants ou de rentabiliser le service de transport en commun lors des premières années de vie d’une communauté. Aussi, le réaménagement de quartiers centraux peut provoquer un embourgeoisement et rendre les logements inaccessibles aux familles.
Faire participer les enfants à l’aménagement urbain
La participation des enfants à l’aménagement urbain est encore une exception plutôt que la norme; pourtant, elle constitue une opportunité pour mieux comprendre les enjeux urbains contemporains et pour construire des milieux de vie plus sains. N’oublions pas qu’une ville adaptée aux enfants est, avant tout, une ville adaptée aux piétons et aux cyclistes, diversifiée, conviviale et, surtout, agréable à vivre.
Auteur : Juan Torres, Ph.D. Professeur adjoint, Institut d’urbanisme, Université de Montréal
RÉFÉRENCES
ASPQ – Association pour la Santé publique du Québec (2006), Les problèmes reliés au poids au Québec : un appel à l’action. Communiqué de presse. Page consultée le 26 avril 2010
Chawla, L. (2002). Growing up in an urbanising world. London: Earthscan.
Satterthwaite, D. et S. Bartlett (2002) « Poverty and exclusion among urban children » Innocenti Digest, 2002, UNICEF-Innocenti Research Centre: Italie
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